L'allaitement aujourd'hui à travers les ethnies et le monde.

Publié le par Liberte d'allaiter.

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De nos jours, dans les cultures traditionnelles

Aujourd’hui, les observations des ethnologues et an­thropologues permettent de connaître assez précisément certai­nes modalités d’alimentation infantile dans les sociétés traditionnelles constituées de petits groupes et vivant sans électricité ni eau courante. Une grande variété culturelle multi­plie les attitudes et comportements possibles vis-à-vis de l’allaitement au sein : nous l’illustrerons par quelques exemples. Enfin l’allaitement s’inscrit dans un cadre cultu­rel lui donnant à chaque fois une signification qui nous échappe le plus souvent.

 

- Fréquence et chorégraphie des tétées 

Le comportement des Kungs en matière d’allaitement a été précisément étudié et est souvent proposé comme modèle d’un allaitement naturel. Les Kungs sont des Bochimans qui habitent le désert de Kalahari (Sud de l’Afrique, population de 4000 individus). Ce sont des chasseurs-cueilleurs nomades dont le style de vie semble très proche de celui des hommes préhisto­riques avant l’ère de l’élevage et de la culture des végétaux. Les mères Kungs allaitent leur enfant en moyenne 4 fois par heure, avec une durée des tétées de 2 minutes environ.  Cette fréquence est maintenue durant tout l’allaitement, et les tétées nocturnes semblent la règle.

Un intervalle de 44 mois (3 ans et 8 mois) sépare en moyenne deux naissances consécutives chez la même femme, ce qui laisse supposer un allaitement de trois ans en moyenne (les enfants sont le plus souvent sevrés lors d’une grossesse ulté­rieure).

En Nouvelle Guinée, les mères Gainjs donnent deux té­tées par heure. Les nourrissons indiens Quechuas du Pérou tè­tent en moyenne 2,4 fois par heure. Une étude a montré que dans le Bangladesh rural, des bébés de 18 mois têtent en moyenne au moins une fois par heure et que plus la fréquence est élevée, plus la durée des tétées est réduite .

Mais cette fréquence est parfois limitée par la disponi­bilité de la mère. En Nouvelle Guinée chez les Arapeshs, quand le bébé a un an, sa mère le laisse quelques heures pendant qu’elle va jardiner au loin. Quand l’enfant à 3 ans, elle s’absentera pendant une journée entière. Mais le jour suivant, l’enfant aura de nouveau un accès illimité au sein.

Dans toutes les descriptions générales, la règle semble bien être l’allaitement à la demande de l’enfant (c’est-à-dire avec des tétées fréquentes) quand la mère est disponible : c’est ce qui est observé en Afrique, en Asie du Sud-Est et recommandé en Inde par exemple. Il n’est pas toujours aisé de compter les tétées car le sein n’est pas considéré uniquement comme source de nourriture mais également comme pourvoyeur de réconfort.

 

- Comment donner le sein ?

Les femmes qui allaitent fréquemment, donnent indiffé­remment le sein qui a été tété la fois précédente ou l’autre : au­cune attention n’est prêtée à ce détail. En général, un seul sein est donné par tétée. Dans certaines sociétés, un seul sein sera allaitant.

Une relative indifférence entoure les tétées, du moins après les premières semaines (souvent un temps de réclusion suit la naissance, il n’est alors pas facile d’observer l’allaitement à ce moment pour des observateurs étrangers) : le bébé attrape lui-même le sein de sa mère, et celle-ci accorde très peu d’importance à la position du bébé au sein. La tétée n’interrompt pas la mère dans son activité, quand cela est bien sûr possible.

 

- Proximité mère-bébé

Dans toutes les descriptions, il apparaît que les bébés sont le plus souvent à proximité de la mère, le jour comme la nuit. Le jour, ils sont portés par elle (sur son dos, sur la han­che...), la nuit, ils dorment avec elle plusieurs mois, voire plu­sieurs années, et tètent à volonté. Des études effectuées sur des populations où mères et bébés dorment ensemble ont montré qu’il n’y a pas baisse significative du nombre des tétées durant la nuit avant au moins un an ou tout simplement avant le se­vrage . Les tétées nocturnes se font pratiquement sans réveiller la mère, et ne semblent poser aucun problème particulier. Très souvent, les bébés sont endormis au sein, et l’allaitement est en­core aujourd’hui le moyen le plus utilisé dans le monde pour apaiser les bébés . A titre d’illustration, on pourra se reporter aux descriptions de Margaret Mead qui insiste sur la grande sol­licitude des adultes Arapeshs, mais aussi considérer les descrip­tions de la vie familiale au Maghreb, en Inde, en Afrique, en Asie.

 

M. W. Woolrige, « Baby-controlled Breastfeeding. Biocultural implications » dans Breastfeeding. Biocultural perspectives dirigé par P. S. Stuart Macadam et K. A. Dettwyler,  Aldine de Gruyter, New York, 1995.

M. Mead, Mœurs et sexualité en Océanie, Plon, 1963.

P. Erny, Les premiers pas de l’enfant d’Afrique noire, 1999, L’Harmattan.

Sous la direction de Jeannine Koubi, Enfant et sociétés d’Asie du sud-est, 1995, L’Harmattan.

Hélène Stork, Enfances indiennes, 1986, Bayard.

S. Lallemand, « Enfances d’ailleurs, approche anthropologique », dans Enfances d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui, Armand Colin, 1997 et toutes les références précédentes.

P. Erny, Les premiers pas de l’enfant d’Afrique noire, 1999, L’Harmattan.

A. Lartey et al. « Predictors of Growth from 1 to 18 Months among breastf-fed Ghanaian infants » dans European Journal of Clinical Nutrition, (54), p. 41-49, 2000.

Sous la direction d’Hélène Stork, Rituel du couché de l’enfant, ESF, 1993.


Source : http://assoc.ipa.free.fr/ethnologie/cultures_1.htm


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